Victor Hugo et Montreuil-sur-mer

Victor Hugo et Montreuil-sur-Mer, c’est l’histoire d’une brève rencontre aux bénéfices inattendus. En 1837, le plus célèbre écrivain français s’arrête brièvement à Montreuil. Un lieu dont il se souviendra des années plus tard, lors de l’écriture de son roman “Les Misérables”.

Nous sommes le 4 septembre 1837. Victor Hugo est en voyage dans le nord de la France, en compagnie de sa maîtresse Juliette Drouet. Il quitte Étaples « de bon matin », décidé de venir déjeuner dans la Cité des remparts. 

Victor Hugo et Montreuil-sur-Mer, c’est donc avant tout l’histoire d’une brève rencontre. De ce court passage demeure une lettre destinée à Adèle, l’épouse de l’écrivain. Ce dernier y évoque notamment son passage sur les remparts, et sa visite de l’abbatiale Saint-Saulve. Il livre également son ressenti sur la Cité des remparts.

Montreuil-sur-Mer serait mieux nommé Montreuil-sur-plaine. Des remparts on a une vue magnifique de côteaux et de prairies, car la ville est haut située.

Victor Hugo, « Lettre à Adèle » du 5 septembre 1837

Contre toute attente, Montreuil-sur-Mer marquera profondément le romancier et essayiste. En effet, c’est dans la cité fortifiée qu’il situe, bien des années plus tard, l’essentiel de la première partie de son plus célèbre roman: « Les Misérables ».

Le spectacle Les Misérables, hommage à Victor Hugo et Montreuil-sur-mer

Cette particularité littéraire fait d’ailleurs la fierté des Montreuillois. Depuis 1996, 500 bénévoles endossent chaque année les costumes de leurs ancêtres et ceux des personnages du roman. Le son et lumière Les Misérables à Montreuil-sur-mer est une institution. Un spectacle de référence où se mêlent fiction et réalité, et une histoire humaine bouleversante, dans le cadre mystérieux de la citadelle.

Le service patrimoine, quant à lui, propose régulièrement la thématique “Sur les pas de Victor Hugo” pour des visites guidées dédiées aux individuels, en période de vacances scolaires. 

À la Maison du Tourisme et du Patrimoine, replongez dans l’aventure des Misérables, le temps d’un circuit en 7 étapes à travers la ville.


Sites de mémoire à Montreuil

On trouve plusieurs sites de mémoire à Montreuil-sur-Mer et dans les environs. La cité fortifiée a en effet connu les affres de la Grande Guerre. Cette dernière a d’ailleurs laissé de profondes traces en Côte d’Opale.

Tandis qu’Étaples-sur-mer conserve le plus grand cimetière militaire britannique sur le sol français (environ 11 000 tombes), les sites de mémoire à Montreuil-sur-Mer sont plus discrets. On entretient le souvenir au travers de quelques monuments locaux, d’un petit cimetière indien et des expositions de l’hôpital civil Belge à la Chartreuse de Neuville… Sans oublier la Citadelle, siège du Grand Quartier Général britannique (GHQ) durant la Première Guerre mondiale.

Le GHQ, le plus emblématiques de sites de mémoire à Montreuil

À partir de 1916, la ville de Montreuil est en effet choisie pour accueillir le Grand Quartier Général de l’armée britannique. Sous la direction du Maréchal Douglas Haig, Montreuil centralise alors toute la logistique de l’armée britannique sur le sol français. D’un point de vue stratégique et administratif, bon nombre de décisions majeures sont prises dans la Caserne Duval, aujourd’hui disparue. 

Le GHQ implique la présence de plusieurs milliers de militaires étrangers. Écossais, indiens, canadiens et même irlandais donnent à la ville un caractère étrangement cosmopolite.

À cette époque, le théâtre devient pleinement salle de divertissement. On y oublie, pour quelques heures, les affres de la guerre. La grande statue du Maréchal Douglas Haig, qui fait face au théâtre, symbolise l’entente cordiale franco-britannique. Fait insolite: elle est l’œuvre du sculpteur français Paul Landowski, qui a participé à la réalisation… du Christ Rédempteur de Rio.

Le cimetière militaire indien

À Neuville-sous-Montreuil, au lieu-dit « le Trou du Chêne », reposent les corps de 25 soldats indiens. Engagés dans l’armée Britannique, ces jeunes hindous sont morts entre décembre 1914 et mars 1916. Leur courage a notamment été salué par les officiers témoins de leurs faits d’armes au cours des batailles de la Somme et du Nord. De ce petit cimetière paisible, la vue sur la Chartreuse de Neuville est imprenable. 

L’hôpital civil belge à la Chartreuse de Neuville

Après l’inondation de la Plaine d’Ypres pour stopper l’avancée des troupes allemandes, des milliers de réfugiés belges investissent la Chartreuse de Neuville. Plus de 1000 personnes occupent les lieux au quotidien, 5 000 sur 4 ans. La Chartreuse est alors le plus grand hôpital civil Belge d’Europe.

Théâtre, école… l’endroit devient alors une véritable petite ville. Le site expose parfois quelques photographies de cette époque, lors des célébrations liées à la Grande Guerre par exemple.


Patrimoine religieux

Le patrimoine religieux de Montreuil est un autre vestige de ses mille ans d’histoire. Les origines de Montreuil, dont le nom dérive du latin « monasteriolum » (petit monastère), sont en effet intimement liées au sacré.

En 926, les moines de Landévennec (Finistère) fuient les invasions normandes et trouvent refuge à Montreuil, où ils fondent l’abbaye Saint-Walloy (déformation locale du nom de saint Guénolé). En 1111, cette abbaye change de nom lorsque les reliques de Saint Saulve y sont amenées. Au Moyen Âge, ces dernières attirent les pèlerins à Montreuil. Si bien qu’ils confèrent à la ville un caractère de sainteté. On surnomme alors Montreuil « La nécropole du Ponthieu ».

Une abbatiale et des trésors

En 1467, une catastrophe naturelle provoque l’effondrement partiel d’au moins six édifices religieux de la ville, dont l’Hôtel-Dieu et l’église Saint-Saulve. Le répit est de courte durée puisqu’en 1537, les armées de Charles Quint incendient Saint-Saulve lors de la prise de la ville. Au début du 16ème siècle, face à l’ampleur des dépenses, elle ne sera que partiellement reconstruite.

Le trésor d’art sacré est entièrement détruit en 1793. Après la Révolution, l’abbatiale reçoit les reliques de Sainte-Austreberthe, parmi lesquelles une crosse pastorale richement ornée. D’autres reliques s’ajouteront à ce trésor au 19ème siècle, faisant de ce dernier l’un des plus riches trésors d’art sacré du Nord de la France. Une partie de ces œuvres est toujours visible lors de la visite de l’Abbatiale, et aussi à la Citadelle.

La chapelle de l’Hôtel-dieu, l’un des plus beaux exemples de patrimoine religieux de Montreuil

De nombreux monastères, abbayes, chapelles, églises paroissiales ponctuent le paysage Montreuillois. D’où le surnom de “ville aux 36 clochers”.

Parmi ces bâtiments, l’Hôtel-dieu est l’un des rares encore visibles. L’ensemble de bâtiments existe depuis 1200. Cet hôpital public appartient aux sœurs augustines jusque dans les années 1980. Il conserve sa fonction d’hôpital jusqu’en 1995, année de son rachat pour être transformé en hôtel. L’architecture de la partie hôtelière, telle que nous la connaissons aujourd’hui, date de Napoléon III.

La Chapelle Saint-Nicolas de l’Hôtel-dieu, quant à elle, subit une importante restauration extérieure entre 1871 et 1872, sous l’égide de l’architecte Clovis Normand. Son style extérieur néogothique contraste avec l’intérieur, fait de boiseries et d’un maître-autel richement orné. La dernière restauration est celle de la flèche, datant de 2018. Le lieu est accessible l’été, jusqu’aux Journées européennes du patrimoine.

Une Chartreuse multitâches

Depuis les remparts de Montreuil-sur-mer, entre le front nord et le front est, on aperçoit au loin les clochers de la Chartreuse. Son histoire commence il y a près de 700 ans, quand le comte de Boulogne décide de fonder un monastère au pied des remparts de Montreuil-sur-mer. Sous l’égide des pères Chartreux, le bâtiment devient Imprimerie Générale de l’Ordre des Chartreux, jusqu’en 1901. 

La Chartreuse – Christian Plard

En 1914, les murs de la Chartreuse accueillent le plus grand hôpital civile belge d’Europe. Mais la dernière grande mutation voit le lieu devenir un hospice-asile, entre 1950 et 1998. Puis, au début des années 2000, les sœurs de Bethléem redonnent temporairement une vocation religieuse au bâtiment. 

Depuis 2008, grâce à un partenariat privé-public-associatif, la Chartreuse est une véritable communauté culturelle d’une richesse rare.


Patrimoine militaire

Le patrimoine militaire de Montreuil-sur-Mer étonne et détonne. Au cœur de la bucolique Citadelle ou lors d’une promenade romantique sur les remparts, le passé militaire de la ville est omniprésent. On tombe sous le charme de ces monuments, encore vibrants d’un passé tumultueux.

Savez-vous que les premières fortifications de Montreuil-sur-Mer étaient en bois ? Au 9e siècle, elles étaient composées d’une tour, d’une basse-cour, entourée par une palissade en bois. Au 10e siècle apparaît la pierre. Et on entoure la ville de remparts avec un soubassement en pierres, mélangé à du bois. Ce rempart-là ne nous a pas encore livré tous ses mystères… 

Au temps des rois et des châteaux

Philippe II Auguste édifie un puissant château au début du 13e siècle. Aujourd’hui, on peut encore voir les vestiges de cette construction dans l’enceinte de la Citadelle. En subsistent une porte fortifiée, et plusieurs tours tournées vers l’estuaire de la Canche, créées afin de protéger l’ancien port de Montreuil. 

C’est également suivant cette logique de protection que le roi édifie une ceinture de remparts, qui fait alors 5 kilomètres. Le rempart de l’époque englobe la ville haute comme la ville basse.


Hôtels particuliers

On dénombre une quarantaine d’hôtels particuliers à Montreuil-sur-Mer. La ville a en effet su traverser les âges en préservant intacte sa richesse architecturale. Ni la Révolution, ni même les guerres mondiales n’auront mis à mal le pittoresque de ses rues et le charme aristocratique de ses belles résidences.

Flânant dans la cité millénaire, on se laisse assurément charmer par les belles demeures qui occupent les lieux depuis la fin du 18e siècle. Tantôt sobres et élégants, ostentatoires mais raffinés, ou encore discrets et intimistes, ces hôtels particuliers étaient bien souvent le reflet de la personnalité de leurs propriétaires.

Home sweet home

Au détour d’une ruelle ou au croisement de deux allées, on découvre à Montreuil deux types d’hôtels particuliers. Ce sont les hôtels à la française et les hôtels en front de rue.

Les premiers ne sont pas les plus courants dans la ville. Ils se caractérisent par un mur de clôture en pierre, qui isole sa cour pavée de la rue. Une fois passé le corps de logis, le jardin s’étend à l’arrière du bâtiment.

Les hôtels en front de rue sont bien plus nombreux. Vous les distinguerez sans peine à leur façade, percée d’une porte cochère, donnant directement sur la voie publique.


Histoire

Parcourez les ruines du château royal de Philippe Auguste ou admirez le génie d’Errard de Bar-le-Duc, architecte de la Citadelle… Plongez également au cœur du 19e siècle hugolien, rue du Clape-en-Bas par exemple. Et retrouvez la Belle Époque ou encore les Arts décoratifs immortalisés sur la façade du théâtre… Bienvenue au cœur de l’histoire de Montreuil-sur-mer.

La riche histoire de Montreuil-sur-mer au Moyen Âge

898

La ville de Montreuil est citée pour la première fois dans les Annales de Saint-Bertin et de Saint-Vaast. La ville, déjà fortifiée, devrait son nom à un « petit monastère » que l’on appelle “monasterolium”.

926

Les moines de Landévennec (Finistère) créent à Montreuil l’abbaye Saint-Walloy en l’honneur de saint Walloy, déformation locale du nom de saint Guénolé. C’est à cette époque que commence la carrière militaire de la ville, qui verra se succéder au cours de six siècles de guerres médiévales, de nombreuses constructions.

987

Montreuil appartient déjà à Hugues Capet. Il devient roi des Francs à cette date et par conséquent, il fait de Montreuil une ville royale et le seul port de mer du Royaume.

1188

Philippe Auguste accorde à la cité une charte communale. Au début du 13e siècle, il fait édifier un puissant château royal dont il reste aujourd’hui des éléments significatifs.

1299

Le 19 juin est signé l’accord de Montreuil-sur-Mer entre Philippe IV de France et Édouard Ier d’Angleterre. Les nombreuses reliques, si pieusement vénérées au Moyen Âge et que détenaient ses nombreux lieux de cultes, attirent les pèlerins et confèrent à la ville un caractère de sainteté. La population dépasserait les 10 000 habitants.

1467

Une catastrophe naturelle provoque l’effondrement d’au moins six édifices religieux. À la fin du Moyen Âge, l’ensablement de la Canche entraîne le déclin de la ville. Montreuil conserve aujourd’hui sa particule « sur-mer » en rappel de cette époque où la ville était un port royal.

Du siège de Charles Quint à la naissance de la citadelle

1537

Les troupes de Charles Quint et d’Henri VIII assiègent Montreuil. Contrainte de se rendre, la ville est en grande partie détruite. Il s’agit de la défaite la plus significative pour la Cité et ses remparts.

1567

Charles IX ordonne l’édification d’une citadelle sur l’emplacement de l’ancien château du 13e siècle. Il y eu pas moins de 7 campagnes de construction sur plusieurs décennies. 

1670

Vauban perfectionne l’œuvre de ses prédécesseurs en remaniant la citadelle. C’est là qu’il fait construire une poudrière et un arsenal, dont la charpente d’origine est toujours présente. 

L’histoire de Montreuil-sur-mer aux 18e et 19e siècles

18e siècle

La prospérité de la ville lui permet de se parer d’une quarantaine d’hôtels particuliers, des plus sobres aux plus extravagants, à l’image de leurs propriétaires. 

1803 

Le flanc droit du Camp de Boulogne est installé à Montreuil et rappelle à la ville son importance militaire. Le Maréchal Ney y prend ses quartiers à cette époque.  

Montreuil-sur-mer, d’une guerre à l’autre

1890-1930

Montreuil abrite une colonie de peintres américains et anglo-saxons qui, séduits par le pittoresque de la ville, l’immortalisent et s’y installent. Ainsi, Montreuil devient la résidence d’artistes tels que Harry Van Der Wayden, Fritz Thaulow, et Catherine Alice Hawdon. 

1916-1919

Le Grand Quartier Général de l’Empire britannique (GHQ) s’installe à Montreuil-sur-Mer, sous le commandement du maréchal Douglas Haig. Une statue à son effigie, symbolisant l’entente cordiale franco-britannique, trône toujours sur la place du Général de Gaulle. 

1940-1944

Montreuil est une Kommandantur. À cette période, un complexe de souterrains allemands inachevés a été creusé sous les remparts. 

1959

Charles de Gaulle profite d’une nuit à la Sous-prefecture de Montreuil lors d’un déplacement officiel. 

Montreuil-sur-mer aujourd’hui

2016

Montreuil-sur-mer est élu deuxième Village préféré des français dans l’émission de Stéphane Bern sur France 2.